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Conférence sur les archives hospitalières
A l'occasion du dernier Salon de la généalogie Paris XVe, samedi 18 mars dernier, j'ai pu assister à deux conférences, je partage ma prise de notes! (Ce blog se transforme lentement mais sûrement en un blog de partage de notes ;) )
Les archives hospitalières
par Laurence Abensur Hazan
Les archives hospitalières rassemblent une grande variété d’archives, qui apportent une grande diversité d’informations, très riches pour l’histoire familiale, qu’on s’intéresse au personnel médical, « grand » ou petit (lingère, cuisinier, boucher fournisseurs), ou aux malades.
Histoire des structures hospitalières
Les soins aux malades sont historiquement liés à l’accueil des plus démunis, et ce dès le Ve siècle. Dès le Moyen-Age, malades et indigents sont accueillis au sein des mêmes structures : pauvres, mendiants, vieillards, orphelins, prostitués, bref, tous types d’indigents… Les structures ont des noms variés : maison-dieu, hotel dieu, charité, hospice… Se développant particulièrement sous le règne de Louis XIV, gérés par des religieux, ils correspondent à une politique de « grand renfermement », visant à faire disparaitre de l’espace public les pauvres. Sur Paris, les plus anciens registres datent du XVIe, et sont consultables à l’APHP. A partir de l’époque révolutionnaire, les structures d’assistance sont progressivement laïcisées, via le développement de bureaux de charité, visant non pas à les mettre à l’écart mais à offrir de l’assistance, tout en maintenant ces populations à leur domicile.
Dans ce cadre étaient établies des listes de bénéficiaires, particulièrement précieuses dans le cadre généalogique ! La plupart de ces archives sont consultables en archives départementales (plus rarement, pour des villes de grande taille, municipales).
Dès le XIXe, les hôpitaux deviennent exclusivement dédiés au soin. Des établissements privés voient petit à petit le jour.
Où trouver ces archives ?
Les archives des hôpitaux publics peuvent avoir été transférées aux AD (série H) et peuvent avoir été mises en ligne : c’est le cas pour l’APHP, pour l’Aube,… Mais d’autres sont restées au sein de l’institution hospitalière, qui peuvent disposer d’un service d’archives dédiées et peuvent potentiellement accueillir des chercheurs… ….ou pas. L’APHP regroupe les archives de 38 institutions situées à Paris ou d’ailleurs (même en province !) : il faut bien consulter la liste des structures pour s’assurer que celle que l’on recherche en fait partie.
Quelles archives ?
Le dossier médical, en principe, est détruit au bout de 20 ans ou conservé à titre d’échantillon mais après anonymisation. Accéder au dossier, s’il n’a pas été détruit, peut par ailleurs nécessiter de prouver que l’on est un ayant-droit ou carrément être impossible du fait de la confidentialité des données.
Les dossiers d’enfants assistés ou placés se trouvent aux AD de Paris, mais les dossiers du personnel de ce service sont à l’APHP. En région, ces dossiers se trouveront en général aux AD.
Le généalogiste peut se tourner vers les registres de population, qui référencent les entrées et les sorties de malades. On y accède via des répertoires chronologiques et alphabétiques, renvoyant ensuite aux registres d’entrée en eux-mêmes. S’il n’y a pas de répertoire, il est possible que celui-ci se trouve en fait à la fin du registre. Ces registres permettent de connaitre la date et le motif d’entrée, mais aussi des informations personnelles. Ils peuvent être scindés par pathologie ou par catégorie sociale (mendiants, militaires, hommes bourgeois) ou origines (malades étrangers).
Si on ignore l’hôpital où a été admis un ancêtre, il convient de s’intéresser au lieu de décès (ou de l’accident) ou à la pathologie (certains établissements traitaient plus particulièrement une maladie), puis de parcourir les répertoires lorsqu’ils existent.
Il existe également des registres de naissances, qui donnent des informations supplémentaires, par rapport à l’état civil, décrivant les conditions dans lesquelles se sont déroulées l’accouchement. De même, des registres mortuaires donnent des indications complémentaires sur l’origine sociale, l’environnement familial… Des inventaires après décès listent ce que le défunt laisse comme biens, s’il en avait durant son séjour à l’hôpital, tandis que les registres de destination de corps (plutôt XXe), indiquent le cimetière de destination ou un envoi en institut médico-légal pour autopsie (qui pourra donc être prolongé par une autre recherche). Des registres d’entrée chez les sages-femmes ou d’accouchement par une sage-femme (si elle est agréée par l’hôpital) vont permettre de préciser le contexte de naissance et pouvoir renvoyer potentiellement vers les archives hospitalières.
Certaines populations spécifiques font l’objet d’un suivi particulier : tuberculeux en sanatoriums (voir aussi les bulletins de sanatorium publiés sur Gallica), militaires (à Vincennes ou en AD), atteints de tuberculose, marins… Les aliénés sont également souvent mis en exergue dans les archives hospitalières, à partir des années 1830, qu’ils soient placés par leur famille ou d’office, par le Préfet. Il existe aussi potentiellement des registres de décès de militaires, durant les grands conflits ayant marqué le territoire.
Des archives administratives peuvent aussi fournir des informations nominatives : ainsi, dans un registre des recettes et dépenses avancées pour les mendiants, on retrouve la liste des mendiants ayant bénéficié d’une aide en échange de menus travaux réalisés pour l’hôpital. Il conviendra alors de cibler au mieux la période concernée avant de parcourir le registre correspondant. A moins d’une future indexation collaborative…. ?
Les registres des délibérations peuvent aussi fournir des informations intéressantes : remise d’effets aux familles, composition des familles, positionnement d’enfants dans une fratrie… Des informations complémentaires de celles en archives communales, des bureaux de la bienfaisance ou de délibérations du conseil municipal.
Enfin, bien sûr, on pourra consulter des registres du personnel, d’étudiants, et retrouver parfois des informations sur leur attitude au travail, leurs congés etc…
Avec beaucoup de chance, on peut aussi trouver, du côté de Gallica, de la littérature médicale concernant la pathologie de patients, et celle-ci n’est pas forcément anonyme : on peut y donner le nom ou les initiales du patient, son village d’origine, son âge… On ne trouve bien sûr que peu d’individus ainsi mis en lumière, mais quand c’est le cas, et que l’on trouve via une recherche sur un nom, c’est d’une richesse absolue !
Communicabilité
Les répertoires sont librement communicables, les registres d’entrée et du personnel ont un délai de 50 ans, les registres de décès ont un délai de 25 ans ; les documents plus sensibles ont un délai de 120 ans.
La conférencière est l'auteur d'un livre sur le sujet (que je m'étais procuré à sa sortie, mais je n'avais pas réalisé qu'elle en était l'auteur... pas de dédicace pour moi ç_ç)!
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